histoire de la commune de Le Tanu et Noirpalu, département de la Manche
17 Avril 2017
« Marie Frémond, fille d’un notaire résidant au Tanu apporta comme dot à son mariage
6 vaches qui étaient en loyer chez des cultivateurs du voisinage (valeur estimée 90 l, ) »
Annales de Normandie, les pactions de mariages des paysannes de l’Avranchin aux 17e et 18e siecles
E, Vivier mai 1953 , page 157
ce qui veut dire qu’il y avait un notaire à cette époque au Tanu,
que la pratique de la mise en métairie des vaches existait en ce temps-là.
extrait page 157
Enfin, et c'est là un détail important, presque toutes
les paysannes de l'Avranchin recevaient aussi en don
mobil quelques têtes de bétail.
Les moins fortunées n'avaient que deux, trois ou quatre brebis,
ou bien une seule vache ; les plus aisées avaient vaches et brebis :
2 ou 3 vaches avec une ou deux génisses, ainsi que 4, 6 et même
12 brebis. Si le nombre des brebis égalait ou dépassait la demi-douzaine,
il y avait toujours en plus un mouton.
Ce n'est que très exceptionnellement qu'il est fait mention de
l'apport d'une jument, d'une coche, ou d'essaims d'abeilles.
Cet élément du don mobil était si apprécié que des filles vivant à
la campagne mais qu'on ne pouvait, en raison de la situation de leur
père, considérer comme de vraies paysannes, ne le négligeaient pas.
Ainsi en 1684, Marie Frémond, fille d'un notaire résidant au Tanu,
apporta à son futur mari : 6 vaches (lesquelles étaient en loyer, c'est à
dire herbagées chez des cultivateurs du voisinage) et 12 brebis ; la
valeur de ces 6 vaches était estimée à 90 l. et celle des 12 brebis à 18 l,
extrait page 154
le don mobil :
La Coutume de Normandie définit ainsi le don mobil :
tout ce que la femme en se mariant apporte à son
mari soit en argent, en meubles ou en fonds
d'héritages.
Or nous venons de voir que la future recevait soit des fonds,
soit de l'argent à titre de don hérédital. Bien que de même nature,
ces deux apports ne doivent pas et ne sont pas confondus car à la
différence du don hérédital, le don mobil reste la propriété du mari
si sa femme décède avant lui, tandis qu'il doit restituer l'autre don
s'il n'a pas d'enfants.
La somme attribuée à une fille à titre de don mobil est toujours
inférieure à celle qui lui est reconnue à litre de don hérédital. Elle
peut avoir plusieurs provenances : à ce qui est donné par les personnes
qui la marient (père, mère, ou frères) peut s'ajouter des sommes
offertes par d'autres parents : aïeuls, oncles, tantes... ou par des amis':
seigneurs, maîtres... ou encore ce que la fille a elle-même économisé
« par son bon ménage ».
extrait page 161
en résumé, il ressort de l'analyse de ces pactions que dans l'Avranchin
un certain nombre de paysans étaient parvenus aux XVIIe et
XVIIIe siècles à jouir d'une aisance relative qui leur permettait de doter
convenablement leurs filles.
S'ils n'avaient guère de disponibilités en argent liquide pour
constituer le don hérédital, ils fournissaient, en don mobil, les meubles
essentiels, un bon troupeau et un cheptel suffisant pour aider les
futurs époux à s'établir.
Ils étaient plus raisonnables que cette bourgeoise de Granville,
la veuve Leboucher qui, en 1696, mariant sa fille avec un laboureur
de St-Ursin, Thomas Yvon, frère de son fermier, ne lui octroyait en
don hérédital que 7 l. 10 s. de rente, mais lui fournissait, entre autres
choses, en don mobil : un lit garni avec « couverture de Toulouse »,
tour de « tapisserie relevée de soie » ; un grand coffre « en bois de
cyprès » ; un autre en « sapin » ; deux habits rouges, l'un en serge,
l'autre en « lismettre, de la plus chère qu'on pourra trouver à Granville...»
Une comparaison entre les pactions de paysannes et celles des
bourgeoises ou des filles issues de la noblesse serait, croyons-nous,
nécessaire pour donner à notre exposé sa juste valeur. Peut-être
essaierons-nous de l'entreprendre à l'aide d'autres collections
d'archives notariales de la même région.
E, VIVIER mai 1953