histoire de la commune de Le Tanu et Noirpalu, département de la Manche
10 Avril 2017
Vers le XIIe et XIIIe siècles, deux valets de ferme du Tanu, petit village de l'Avranchin, qui
gardaient des troupeaux dans les champs, étaient munis d'arcs et de «saiettes» ou flèches
« dont ils s'ébattaient à traire ».
extrait de: De quelques jeux populaires dans l'ancienne France, à propos d'une ordonnance de Charles V
Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 33ᵉ année, N. 6, 1889 Siméon Luce , 53 contributions de 1857 à 1892
traire, v. a., tirer en général ‖ traire a chevaus, écarteler ‖ lancer ‖ traîner ‖ posséder ‖ produire ‖ endurer ‖ livrer ‖ transposer, traduire ‖ traire a conte, mentionner ‖ tracer ‖ traire a chief, terminer ‖ citer en justice ‖ v. n., se retirer ‖ aller, s’acheminer ‖ s’appliquer ‖ arriver ‖ en référer ‖ tirer du liquide, soutirer ‖ T. de mineurs liégeois, traire aux eaux, pomper ‖ tirer à l’arc, à l’arbalète, tirer le canon ‖ avoir une certaine portée, en parlant d’une arme ‖ traire aux avirons, ramer ‖ ressembler ‖ s’en prendre, s’adresser ‖ traire a, tourner à, incliner à ‖ traire a la mort, et abs., traire, agoniser ‖ v. réfl., se retirer ‖ sortir, partir, en parlant de choses morales ‖ se diriger ‖ se couvrir ‖ s’en rapporter ‖ se présenter ‖ s. m., action de tirer ‖ distance d’un trait de flèche.
s’ébattre, s’amuser à la manière des enfants
saiete, s. f., flèche ‖ faire bonne saiete, tirer à coup sûr.
Le Tanu est cité dans un texte de Siméon Luce en 1889 ................................................ mais d'où tenait -il cette information ?
En l'an 1369, Charles V rendit une ordonnance enjoignant tous ses sujets à s'appliquer à l'exercice des armes et à apprendre à tirer à l'arc et à l'arbalète.
En 1346, à la bataille de Crécy, et en 1356, à la bataille de Poitiers, les archers anglais défont les armées françaises.
Ce ne fut qu'à la fin de la guerre de Cent Ans qu'on songea en France à revenir à la pratique de l'arc.
Charles V réorganisa et encouragea les compagnies et s'efforça de renouveler leurs privilèges.
Malheureusement, à sa mort en 1380, l'aristocratie persuada Charles VI de limiter la puissance des compagnies en limitant le nombre d'archers dans chaque ville.
Il y avait alors à Saint James une milice bourgeoise composée d’archers et d’arbalétriers,
Un fait, en apparence insignifiant. raconté dans une lettre de rémission. du
mois de janvier 1360. (nouv. style) prouve que le jeu de l’arc était en usage dans la
population, et ce fait acquiert par la même une valeur historique qu’il importe de
faire remarquer. M. S. Luce. dans un travail fort intéressant sur « les Jeux populaires
dans l’ancienne France et notamment au XIVe siècle »(voir correspondant n° du 25 nov 1889)
rappelle qu’Edouard III avait astreint ses sujets par une ordonnance de 1337,
renouvelée plusieurs fois pendant son règne, à ne se divertir à aucun jeu
qu’à celui de l'arc à la main et du tir de flèches, et que ce fut à la
supériorité de l’infanterie anglaise, composée principalement d'archers formés dans
ces jeux populaires, qu’on doit attribuer les défaites de Crécy et de Poitiers.
Charles V, instruit par ces dures leçons, publia, au commencement de l’année 1369,
une ordonnance par laquelle il enjoignit à ses sujets de s’exercer au tir de l’arc
et de l’arbalète. Mais ces jeux. ajoute M. S. Luce. étaient en usage dans les
provinces situées au nord de la Loire, et l’ordonnance de Charles V n’eut pour
effet que de consacrer des habitudes prises depuis longtemps. Il cite l’exemple de
deux valets de ferme du Tanu, (canton de La Haye-Pesnel, arrond. d’Avranches ) qui
étaient munis d'arcs et de « saiettes » ou flèches « dont ils s’ébattaient à traire »
eu gardant leurs troupeaux dans les champs.
extrait du texte page 68 et 69 d'un document inconnu
Le tir du papegay.
Dans la langue médiévale, le mot papegay signifie perroquet,
le jeu du papegay consiste, pour ceux qui y sont
autorisés, à tirer à l'arc ou à l'arbalète, sur un oiseau en papier ou en bois, placé
en haut d’un mât. Le vainqueur du tournoi, reçoit le titre de "Roy", une part de
gâteau, des cadeaux et surtout bénéficie d'exemptions notamment en matière
d'imposition : le droit de papegay.